Projet PANA-AFE et Adaptation des communautés au changement climatique

Contexte

Le changement climatique cause une baisse continue des précipitations associée à une augmentation continue de la température; ce qui fait craindre, à long terme, de graves épisodes de sécheresse, voire une désertification à certains coins de la RDC. Ces variations du climat affectent les systèmes de production Agro-sylvo-pastoraux (agriculture, forêt, élevage), les ressources naturelles (terres, eau, pâturages) et la santé des populations dans les provinces cibles. 

  • Agriculture: Les risques climatiques sont accentués par un système de production dépendant de la pluie, une agriculture de subsistance, des pratiques agricoles non respectueuses de l'environnement, les perturbations du calendrier agricole et l’absence du système d'information et de gestion des risques climatiques. Les impacts spécifiques sur le secteur agricole incluent : (i) une baisse de rendements des principales cultures vivrières (manioc, maïs, riz, arachide, haricot et niébé), (ii) une dégradation physique et chimique des sols entraînant une diminution de la productivité agricole et des ressources végétales de pâture pour les animaux; (iii) l’exacerbation des conflits fonciers.
  • Elevage: Cette activité est affectée par la sécheresse et l’augmentation des températures, avec comme corollaire, la diminution de fourrage (pâturage), la résurgence de maladies épidémiologiques sur les bêtes et l’assèchement des points d’abreuvement.
  • Ressources en eau: Les variations des précipitations et des températures entrainent une modification du ruissellement, une diminution des écoulements, une augmentation de l’érosion hydrique, la diminution de la disponibilité de l’eau dans les barrages et les réservoirs ainsi que la diminution de la recharge des nappes phréatiques et alluviales, en raison de l’augmentation de l’évaporation pouvant entrainer un assèchement rapide des mares. L’approvisionnement du ménage en eau est aussi touché par la rareté des pluies: les femmes sont obligées d’aller chercher de l’eau dans les vallées éloignées des villages, les empêchant de remplir d’autres tâches qui leur incombent (surveillance des enfants, cuisine, etc.).
  • Santé: Les augmentations des températures moyennes durant la saison des pluies créent des conditions thermiques plus favorables au cycle de transmission et de survie des vecteurs de certaines maladies notamment la malaria, la méningite, la rougeole et les maladies cardio-respiratoires, et occasionnent une transmission assez élevée de ces maladies. Les  inondations provoquent la destruction des infrastructures tout et en réduisant la disponibilité en eau potable.

De manière générale, la vulnérabilité aux effets néfastes du changement climatique est liée à la vulnérabilité économique et sociale des communautés dont les plus touchées sont les agriculteurs, les éleveurs, puis les femmes et les enfants, sachant que 85% des femmes rurales travaillent dans l'agriculture et produisent 80% de cultures vivrières pour la consommation des ménages.

Les enfants sont aussi affectés notamment en terme de santé et d’éducation : (i) les jeunes filles sont obligées d’aller chercher de l’eau et n’ont pas le temps d’aller à l’école ; (ii) la santé de l’enfant est affectée par la sous-alimentation et par le manque d’eau potable ; enfin (iii) les parents qui n’ont pas l’opportunité de cultiver dès le 15 août pour l’alimentation du ménage et pour payer les frais scolaires à cause des perturbations du calendrier agricole, voient ainsi leurs enfants renvoyés de l’école.

Enfin, la pauvreté, induite par les impacts du changement climatique, amplifie les inégalités sociales de sexes, au détriment de la femme qui voit sa vulnérabilité accrue car ayant un accès limité aux ressources et aux facteurs de production et ne contrôlant pas la gestion des ressources.

Présentation du projet

Le projet de renforcement de la résilience et de la capacité d'adaptation des femmes et des enfants au changement climatique en RDC, dit PANA-AFE, est un projet à base communautaire, centré sur les besoins des femmes et des enfants au niveau de quatre provinces de la RDC, à savoir Haut-Katanga, Kongo Central, Kwilu et Lomami. C’est un projet du Ministère de l'Environnement et Développement Durable qui découle du Plan d'Action National d'Adaptation au changement climatique dit PANA-RDC mis en place depuis 2006 où les priorités nationales pour l'adaptation ont été identifiées et hiérarchisées en fonction de la vulnérabilité aux risques climatiques. Il vient consolider les acquis du projet PANA-ASA sur l'adaptation du secteur agricole au changement climatique mis en œuvre de 2010 à 2013 dans les mêmes zones d'intervention.

L'objectif du projet est l'amélioration des capacités d'adaptation des producteurs et ménages ruraux afin de réduire la vulnérabilité des moyens de subsistance des communautés touchées par les changements climatiques.

Pour cela, le projet a mis en place quelques mesures susceptibles d'aider les communautés bénéficiaires à renforcer leur résistance face aux chocs climatiques et pouvant être dupliquées dans l'ensemble de la RDC. Ces mesures sont regroupées autour des deux principales composantes du projet, à savoir: 

Composante 1: Pratiques de diversification pour la sécurisation des ménages, sous laquelle toutes les activités de diversification des pratiques agricoles (pisciculture intégrée, élevage des bovins et des chèvres, agriculture irriguée, etc.), de transformation de la production agricole sont menées ;

Composante 2: Développement des capacités clés pour mener des activités de résilience au changement climatique et préserver la production familiale des impacts climatiques, sous laquelle sont appuyés toutes les actions de renforcement de capacité, avec notamment le renforcement de la capacité de production de semences adaptées, le transfert de technologies et la formation des femmes transformatrices de produits agricoles (pêche y compris) ainsi que des opérateurs des radios communautaires et la production d’informations agro météorologiques.

Provinces et sites d'intervention du projet: Le projet est intervenu au niveau de 4 provinces et 25 villages :

  •  Haut-Katanga : Futuka, Kanyameshi, Kasamba, Kinke, Kipopo, Kisangwe, Shinga ;
  • Kongo Central : Kikalu, Kizansanzi, Kuakua, Mbimbi, Nsanda, Vunda ;
  • Kwilu : Bunga, Kahunji, Malunga, Mampungu, Ngashi, Nkatabusongo;
  • Lomami : Kaniaka, Lwanga, Manda, Mpiana, Mpunga, Muyembi.

Montage financier (Montant et Sources de financement)

Ressources totales allouées au projet: 20.225.000 USD dont

  • Gouvernement (Nature) : 12.600.000 USD 
  •  FEM/GEF (Cash) : 4.725.000 USD
  • PNUD : 400.000 USD
  • PNUD/Parallèle : 2.000.000 USD
  • Secteur Privé/Parallèle: 500.000 USD

Mesures d'adaptation mises en place par le projet 

a. Des semences de variétés résilientes des principales cultures vivrières (arachide, haricot, maïs, manioc, niébé et riz) qui résistent aux conditions de stress hydrique, tout en garantissant une bonne productivité et un bon rendement à l'hectare. Les ménages bénéficiaires de toutes les 4 zones d'intervention ont reçu ces semences pour emblaver au moins 0,5 ha en début de la saison agricole A de l'année 2017. La sélection, la caractérisation et la maintenance du germoplasme de ces variétés résilientes se sont faites dans les stations de l'Institut National pour l'Etude et la Recherche Agronomiques (INERA) basées dans chaque zone d'intervention.

Afin de pérenniser les résultats de recherches effectuées sur les variétés résilientes, le projet a recouru à l'expertise du Service National de semences (SENASEM) pour la certification et l'inscription de ces variétés résilientes au Catalogue national de semences;

b. La culture attelée et la traction bovine: l'utilisation des bœufs de trait pour emblaver de grandes superficies cultivables, réduire le travail de la femme aux champs et augmenter le rendement du ménage, ainsi que pour le transport des produits de récolte jusque dans des lieux de commercialisation. En même temps, les ménages bénéficiaires se serviront de la bouse de bœufs comme engrais organiques en lieu et place des engrais minéraux qui contribuent aux émissions des Gaz à Effet de Serre. Pour ce faire, PANA-AFE a appuyé les ménages bénéficiaires des villages Kinke (Haut-Katanga) et Kahunji (Kwilu) avec trois paires de bœufs, des charrues et des charrettes ; 

c. La restauration des bas-fonds fertiles pour le développement du maraîchage et l'aménagement des ouvrages hydrauliques: Pour développer la culture du riz ou d'autres activités génératrices de revenus, au moins 15 ha de bas-fonds fertiles (9 ha à Nsanda dans le kongo[1]Central, 3 ha à Kaniaka, dans la Lomami et 3 ha à Kisangwe dans le Haut[1]Katanga) ont été restaurés pour bénéficier à au moins 250 ménages ; 

d. La diversification de pratiques agricoles pour permettre aux ménages d'avoir plusieurs sources de revenus étant donné que le rendement agricole est impacté par le changement climatique. Le projet apporte des appuis nécessaires aux ménages qui développent d'autres activités telles que le petit élevage des caprins et de la volaille, la pisciculture intégrée au maraîchage et/ou à l'élevage de la volaille, ainsi que la transformation des produits agricoles. A cet effet, un noyau de 10 chèvres et 1 bouc plus 25 coqs de race améliorée ont été remis aux ménages bénéficiaires des 25 villages ainsi que plusieurs unités primaires de transformation des produits agricoles telles que moulins, égraineuses de maïs, décortiqueuses de riz, presses à huile de palme, presses semi[1]hydrauliques, trancheuses-râpeuses et congélateur à panneau solaire ont été remises aux groupements féminins des 25 villages bénéficiaires ;

e. L'aménagement et l'amélioration des pâturages avec le stylosanthes, une espèce de bonne valeur nutritive pour soutenir l'activité d'élevage et amélioratrice de la fertilité du sol ;

f. La diffusion des informations agro météorologiques: En vue de sécuriser la production agricole contre les impacts des changements climatiques, le projet PANA-AFE a mis en place, en partenariat avec l'Agence de Météorologie et de Télédétection par Satellite (METTELSAT) et l'Institut National pour l'Etude et la Recherche Agronomiques (INERA), une chaîne de production et de diffusion des informations agro météorologiques aux communautés dans ses zones d'intervention. Cette chaîne va du prélèvement des données climatiques (pluviométrie, insolation, vitesse du vent, températures, ...) dans les stations météorologiques de l'INERA, passe par le traitement de données prélevées par METTELSAT et la diffusion des informations agro météorologiques par les radios communautaires ainsi qu’à l'utilisation desdites informations par les communautés rurales agricoles.

Avec l'expansion des nouvelles technologies de l'information et de la communication ayant conduit à l'utilisation des téléphones portables en milieu rural, le projet s'est également employé à mettre en place un système de diffusion des informations agro météorologiques aux communautés à travers des SMS.

Le projet a également installé des pluviomètres à lecture directe en milieu rural dans 100 villages à travers son aire d'intervention pour réduire le risque du manque de productivité agricole dû à la sécheresse ou à la baisse de pluviométrie. En plus des informations agro météorologiques, les radios animent une tranche d'émission de 30 minutes qui développe des sujets liés au changement climatique, l'adaptation et les pratiques agro écologiques ;

g. Des formations pour le renforcement de capacités des bénéficiaires sur la production agricole, l'élevage du petit bétail, la transformation des produits agricoles, la gestion d'une ferme piscicole, etc.

Télécharger le PRODOC PANA-AFE